الاثنين، 1 يونيو 2015

Le patron de JP Morgan esquisse la prochaine crise financière

Le patron de JP Morgan esquisse la prochaine crise financière

Le Point - Publié le 

Jamie Dimon dénonce les effets pervers potentiels de la régulation imposée aux banques en cas de nouvelle tempête sur les marchés.

Porté au pinacle pour avoir bien traversé la crise de 2008, Jamie Dimon est redescendu sur terre après les déboires de sa banque.
Porté au pinacle pour avoir bien traversé la crise de 2008, Jamie Dimon est redescendu sur terre après les déboires de sa banque. © Saul LOEB / AFP   Par 
Il est un des rares banquiers à avoir traversé la crise financière de 2008 sans un seul trimestre de pertes jusqu'en 2010. Sous sa direction, la banque américaine JP Morgan Chase a même engrangé 22 milliards de dollars de profits en 2014, en hausse de 22 % par rapport à l'année précédente. Autant dire que Jamie Dimon est un des personnages les plus connus de Wall Street. Et pas qu'en bien. En 2012, un de ses traders, basé à Londres, le Français Bruno Iksil a perdu 6 milliards de dollars, à cause de risques énormes pris sur des instruments financiers à risques, les CDS (Credit default swap), sortes d'assurance contre la défaillance d'un emprunteur. Ce scandale financier, et d'autres ont valu à JP Morgan d'avoir à régler quelque 26 milliards de dollars d'amende.
Dans sa lettre annuelle aux actionnaires de la banque publiée mercredi, Jamie Dimon fait à nouveau parler de lui. Tout en vantant la solidité de son groupe, le PDG annonce la nouvelle tempête. "Certaines choses ne changent jamais, il y aura une nouvelle crise financière et son impact se fera sentir sur les marchés financiers", prédit l'oiseau de mauvais augure, tout en avouant être incapable de dire ce qui mettra, cette fois, le feu aux poudres. En 2007, l'étincelle était venue des crédits hypothécaires "subprime", titrisés par la finance pour disséminer les risques de remboursement d'emprunteurs fragiles à travers le monde. 

Des banques plus solides 

Mais Jamie Dimon prévient surtout que les nouvelles règles imposées par les autorités pour renforcer le système ou la politique monétaire des banques centrales devraient contribuer à renforcer la prochaine tornade. 
Certes, le patron de la banque universelle reconnaît que les nouvelles exigences des régulateurs (détention d'actifs facilement revendables en cas de crise, exigence accrue de détention de capital, réduction de la complexité des produits, enregistrement de transactions sur les produits dérivés via des chambres de compensation...) ont sécurisé chaque banque tout comme l'ensemble du système bancaire. "Aux États-Unis, nous devrions entrer dans la crise avec un système bancaire bien plus solide que par le passé, ce qui, seul, pourrait réduire la probabilité et la sévérité de la nouvelle crise", se félicite-t-il ? Mais il dénonce aussi leurs effets pervers sur la capacité des banques à atténuer les conséquences d'une crise.

Le risque d'un manque de liquidités

Sa grande peur ? Le manque de liquidité sur les marchés, c'est-à-dire l'absence d'acheteur potentiel et l'effondrement des prix. En cas de panique, tous les acteurs de la finance se mettent en effet à vendre les actifs qu'ils considèrent les plus à risques jusqu'à ce qu'il n'y ait pratiquement plus d'acheteurs. Puis ils se ruent sur les titres considérés comme des valeurs refuges, traditionnellement les dettes d'État, l'or, etc. 
Sauf qu'avec les nouvelles règles prudentielles, qui obligent les banques à couvrir leurs activités avec davantage de capital et donc de dette publique, cette dernière est de moins en moins disponible à la vente sur les marchés. D'autant moins que les banques centrales en avalent de grandes quantités pour mener leur politique monétaire exceptionnelle. Le marché des bons du Trésor américain serait par exemple passé de 2 700 milliards de dollars en 2007 à 1 700 milliards aujourd'hui. En cas de crise, beaucoup d'investisseurs pourraient donc se retrouver à court de valeur refuge pour leur portefeuille. 

"Un événement qui n'arrive que tous les trois milliards d'années"

Déjà, la volatilité sur le marché de la dette publique et des changes a augmenté, s'alarme Dimon : "En un seul jour, le 15 octobre 2014, les bons du Trésor ont bondi de 40 points de base en l'espace de quelques minutes (...) un événement qui n'est censé arrivé qu'une fois tous les trois milliards d'années environ." 
Jamie Damon évoque au passage l'inanité de certains modèles de risques des banques, fondés sur des échafaudages mathématiques complexes, mais qui peinent à prédire les événements considérés comme improbables. "Le marché des bons du Trésor n'existe que depuis 200 ans, ce qui devrait tout d'abord nous interroger sur les statistiques", ironise le patron de JP. 

Assouplir la réglementation

Que se passera-t-il si une telle volatilité se reproduit en plein milieu d'une période de stress financier ? La question est posée. Les exigences des régulateurs empêcheront en tout cas les banques saines de venir au secours du système financier, prévient Dimon. Car acheter des portefeuilles de prêts ou d'autres actifs dépréciés augmenterait leurs risques par rapport à leurs fonds propres et réduirait leurs liquidités (leur capacité à vendre rapidement des titres pour obtenir du cash et faire face à leurs engagements).
Une pression sur les autorités pour assouplir la réglementation ? Jamie Dimon s'était déjà attiré les foudres des autorités pour avoir jugé "puérile" et "antiaméricaine" la règle Volcker interdisant les opérations à risques des banques pour leur propre compte.

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